À Pino, les arbres, chênes verts, pins et autres essences veillent sur l’Histoire, dévoilant les belles façades de ses maisons, ses jardins, ses tombeaux remarquables, ses accès à la mer, ses monuments. Le village se donne par coups de cœur à qui sait prendre le temps de musarder, flâner dans ses ruelles, s’asseoir sur un muret et contempler les atouts charmeurs d’un village du Cap-Corse.
Le col Santa Lucia Si vous arrivez par la côte orientale et décidez de franchir le Col de Santa Lucia en passant par Luri, c’est précisément au col qu’il faut faire une halte près de la chapelle Santa Lucia dans un espace aménagé à l’ombre des pins avant de débuter la visite du village de Pino. Observez en face de la route que nous sommes proches de la tour Sénèque nichée sur un promontoire vertigineux. Ici plusieurs possibilités de balades et randonnées s’offrent à vous. Le percement de ce col a été réalisé au XIXe siècle en même temps que la construction de la chapelle. Ces deux projets ont été financés par François Piccioni, originaire de Pino, parti faire fortune aux Antilles, avec l’aide sur place de son neveu, le Docteur Antoine Piccioni qui fut successivement maire de Pino (1849) et maire de Bastia (1865). Le village possède tous les attraits d’un village conjuguant le charme du patrimoine rural et celui d’un patrimoine architectural cossu. On compte parmi les grandes maisons de Pino quatorze Palazzi di l’Americani,maisons des Américains qui témoignent de la réussite de leurs propriétaires ayant fait fortune outre-Atlantique. Miss Thomasina Campbell, écrivain et journaliste écossaise connue notamment pour ses Notes sur la Corse en 1868, était amie avec le docteur Antoine Piccioni. Ainsi le 14 juin 1870 lorsqu’elle l’accompagne dans une excursion à « sa maison de campagne de Pino », elle décrit sa découverte du village dès l’endroit le col où nous nous trouvons : « On aurait de la peine à s’imaginer les points de vue charmants qui se déroulent devant nous en s’approchant de Pino, grand village composé de maisons de paysans et de luxe, produit de fortunes faites aux Antilles, au Mexique, au Brésil, etc. ». Il est temps de reprendre la route pour admirer du premier hameau Lavonese les autres nombreux hameaux qui composent la commune avec ses tours, ses grandes maisons, ses chapelles, son église... Prenez votre temps. Pino aime les promeneurs qui rêvassent, ceux qui oublient leur montre et leur plan à l’hôtel. Le village compte encore aujourd’hui des commerces qui vous permettront d’y passer un agréable séjour : restaurants, bar, superette, station-service, produits locaux et diverses locations sont autant d’atouts qui vous inviteront à vous mêler à l’ambiance locale. Reprenons notre promenade. En effet, les nombreux hameaux Metimu, valle, Parocchja etc…sont en face. Votre œil sera attiré par de surprenants tombeaux dans tout le village rivalisant de caprices architecturaux en forme de pyramide, d’embarcation dont certains de dimension importante comme l’imposante chapelle funéraire des Savelli ou encore une fois le tombeau Piccioni qui ne manquera pas de vous surprendre. Ce dernier est souvent décrit comme le Taj Mahal du Cap-Corse. Le village fait également une place admirable au chemin de l’eau à travers lavoirs, fontaines, bassins et rigoles. En effet, au XIXe siècle, pour développer une agriculture de subsistance, et en raison d’un relief difficile, Pino se distingue en construisant un système de retenue d’eau et de canaux d’irrigation très étendu.
L’église Santa Maria Assunta Au hameau Parrochja, l’église paroissiale Santa Maria Assunta, construite au XVIIIe siècle, est visible de tous les hameaux. Sa façade est de style baroque. Elle possède un très joli patrimoine. En effet, à l’intérieur on peut y voir une statue en marbre blanc de Carrara (début XVIIIe s.) représentant la Vierge de l’Assomption. On peut y admirer un très beau retable sur bois daté de 1520, La Vierge à l’Enfant entre saint Pierre et saint François. Il est attribué à maître anonyme dit « Maître de Pino », dont l’activité est attestée en Corse entre 1513 et 1520. L’église possède un très beau tableau d’Aglaë Meuron (Calenzana, 1836 – Ajaccio, 1925) représentant la Sainte Famille. On note également une très jolie tribune d’orgue peinte de divers ornements et de trophées d’instruments de musique sur fonds très colorés, verts, jaunes, bleus fut offerte avec l’orgue à l’église de Pino par François Piccioni (1836).
La marine de Scalu C’est à la marine de Scalu, A Marina, à l’ouest, que l’on découvre notamment la tour de guet et le couvent. Ce dernier faisant l’objet de beaucoup d’égards de sa population et de la municipalité pour sa conservation et sa restauration. Il a fait partie des projets inclus dans le loto du patrimoine sous l’égide du célèbre animateur amoureux des vieilles pierres, Stéphane Bern. Ainsi, le Couvent Saint-François (1486) situé à la marine de Scalu occupé jusqu’en 1968 par les franciscains est propriété de la commune. Son histoire est racontée sur le site de la municipalité et permet également de faire des dons pour la restauration de ce couvent. L’activité maritime de Pino relativement importante depuis le haut Moyen-Âge, s’était encore développée à la fin du XVe s. Le village comptait de nombreux patrons marins assurant les échanges avec le littoral Ligure et Toscan. La marine est composée de maisons, anciennes maisons de pêcheurs ou magazzini où l’on stockait jadis les marchandises avant de commercer à la voile notamment avec Gênes ou Portofino.