Présentation
L'usine du Lorrain fut fondée par Hyppolite Guillaume Assier de Pompignan, Ingénieur des arts et manufactures, domiciliés au Robert, en 1888. Il était alors administrateur de l'usine du Robert. Celle du Lorrain sera construite à environ 3 km du bourg du Marigot sur les terres des habitations Lagrange et Duhaumont qui appartenaient alors à sa famille.
A l'époque de sa réalisation, l'économie sucrière traversait une crise importante. Depuis 1883, les exportations de sucres, en poids mais aussi en valeur, étaient en baisse et la concurrence du sucre de betterave métropolitain favorisait l'endettement des habitations-sucreries. Mais l'implantation de l'usine permettra tout de même à la région de se développer économiquement et socialement. Aux 150 ouvriers qui y travaillaient régulièrement s'ajoutaient un grand nombre de familles que l'usine faisait vivre indirectement.
L'usine disposait, en outre, d'un réseau de voies ferrées internes, et d'un autre desservant les habitations. De la ligne Bourg-Massée-Usme où arrivaient les wagons, une première voie les conduisait chargés jusqu'au basculateur de l'usine, tandis qu'une autre arrivait à l'aire d'ensachage du sucre. Pour desservir les habitations, une ligne passait par la gare du bourg du Marigot, les habitations Séguineau, Duhaumont ainsi que Lagrange.
En 1908, Guillaune Assier de Pompignan, administrateur de l'usine du Lorrain fait construire un appontement muni d'une voie ferrée pour faciliter l'acheminement des marchandises entre l'usine et les embarcations. Les camions puis la fermeture de l'usine provoqueront la désaffection de cette ligne. L'appontement sert aujourd'hui de lieu de promenade.
Par ailleurs, l'usine du Lorrain fut la seule à expérimenter un téléphérique servant au transport aérien des cannes, depuis la station de l'habitation Charpentier. Il ne reste plus de trace visible de ce téléphérique, les équipements que possédait l'usine ayant été vendus, laissés à l'abandon ou récupérés par des particuliers. La fabrique, aujourd'hui en ruine, est en passe d'être reconquise par la végétation. Ses derniers propriétaires furent les héritiers de Jean-Baptiste Maurice Bally. Celui-ci en avait lui-même hérité à la mort de son père Léon Bally, acquéreur de l'usine vers 1919-1920.
La première guerre mondiale fut incontestablement une période faste pour le rhum et les producteurs feront d'énormes bénéfices. Comme partout en Martinique, l'usine du Lorrain connaîtra une croissance de sa production qui passera de 662 000 litres à 705 600 litres entre 1917 et 1919. Dernière distillerie de la commune, elle ferme ses portes en 1953. Ses ruines sont visibles à l'entrée de l'Habitation Lagrange, transformée en Hôtel Restaurant de luxe.