Présentation
A seulement 1 kilomètre du rivage, se dresse l’Habitation Bois-Debout, chantée dans ses écrits par le poète Alexis Leger, connu sous le nom de Saint-John Perse. Elle est la propriété de la famille Dormoy depuis 1870, famille qui a marqué l’histoire des Antilles et de la Guadeloupe. Mais l’histoire de Bois-Debout trouve son origine en 1675 avec les Poyen, père et fils, qui quittent leur Aveyron natal pour faire fortune dans les colonies. Ces négociants, de religion protestante, parviendront rapidement à atteindre leurs objectifs. Le fils Jean II, après la création d’une sucrerie en 1680, est devenu un sucrier important avec à son service, outre ses quatorze enfants, quarante-six esclaves, un contremaître mulâtre et un engagé. Nous sommes alors en 1687. Quelques années plus tard, en 1699, il rachète l’Habitation Saint-Sauveur.
C’est son fils, Jean III Poyen qui défrichera une zone au-dessus de la propriété paternelle et qui fondera Bois-Debout, le nom ayant sans doute été donné en référence à la végétation présente au moment de la mise en valeur du terrain. Au fil des années, des acquisitions et des nouvelles concessions, Jean III, anobli en 1770, année de ses 87 ans, est l’un des plus gros propriétaires de Guadeloupe avec deux-cents esclaves. A sa mort trois de ses enfants hériteront du domaine et c’est son fils qui rachètera ses parts à ses deux sœurs. Un violent cyclone détruisant une grande partie de la plantation aura raison de son enthousiasme. Il quitte la Guadeloupe pour Montserrat et la propriété, mal gérée, sera pillée. A son retour, il redressera l’exploitation et Bois-Debout, à sa mort en 1814, est estimée à plus de 2 millions de livres, avec 475 carrés de terres, soit environ 2,4 hectares, et 350 esclaves
Après plusieurs adjudications et litiges familiaux liés à l’héritage de Bois-Debout, Gabriel-André Castaing devient propriétaire du domaine en 1847. La production de sucre est estimée à 170 tonnes en 1860, mais le propriétaire meurt prématurément, laissant le domaine endetté. Un cyclone en 1865 suivi par une épidémie de choléra achèvent de ruiner la famille qui n’a d’autre choix que de se séparer de ses biens. Bois-Debout est ainsi acquis pour la somme de 150.000 francs en 1870 par Paul Dormoy, le grand-père d’Alexis Léger.
Originaires de Bourgogne, les Dormoy avaient quitté la métropole pour venir s’implanter dans les colonies françaises de la Caraïbe en 1750. Ingénieur de formation, Paul Dormoy décide de moderniser l’exploitation : un nouveau moulin plus performant, une première cheminée qui sert à des générateurs de vapeur, une autre érigée pour la distillerie.
C’est dans ces lieux que le poète Saint-John Perse, cousin germain, viendra passer de nombreuses vacances à partir de 1890 et jusqu’à ses 10 ans. Le prix Nobel de littérature en 1960, gardera du lieu une grande nostalgie qui transparaît dans ses écrits.
La distillerie de Bois-Debout fonctionnera jusqu’en 1960. Cette année marque la fin de l’activité rhumière des Dormoy en Guadeloupe. La maison principale, hormis deux ailes qui ont été ajoutées, n’a guère changé. Elle garde ce charme qu’affectionnait le poète. Les vestiges de la sucrerie et de la distillerie sont toujours visibles, avec sa cheminée, sa grande roue hydraulique, son canal qui traverse le domaine, transportant l’eau de puis le Grand Carbet. Deux tombes sous les manguiers attribuées à fondateurs du domaine, Jean Poyen et sa femme Anne-Agnès Gressier, rappelle le long passé du domaine.