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Vivez l'Odyssée "Canne à sucre et du rhum patrimoine" vue de la mer

Présentation

Quartiers et mouillages, les liens pour une implantation réussie
La colonisation avait commencé par un premier groupe de quartiers qui comprenait Saint-Pierre, le Carbet, Case-Pilote et le Prêcheur, puis par le second groupe de la Capesterre qui s'étendait du Macouba à la Trinité. Dans un premier temps, faisaient quartiers les lieux sur lesquels s’établissaient les premiers concessionnaires, protégés par des fortins ou batteries de côte pour sécuriser l’accès à la mer et le commerce par voie maritime. Où se formait un quartier, s’installaient des espaces de stockage des marchandises et un mouillage gardé par une milice constituée le plus souvent d’habitants.
 
Dans un premier temps, les représentants de la Compagnie des Indes Occidentales ont la charge de développer le commerce dans les îles. Ils aménagent les principaux espaces marchands déjà existants, mais se préoccupent aussi du bon fonctionnement du commerce dans des espaces moins développés.
 
Ainsi la réalisation de chaque nouveau quartier est marquée par l’installation d’édifices religieux et, à proximité des côtes, de bâtiments dédiés au commerce. Ces magasins servent aussi à protéger les denrées destinées à l’exportation en attendant la venue des navires. Ce sont eux qui caractérisent les espaces portuaires. Ils sont le symbole de la présence d’une population commerçante sur place et leur principal lieu de résidence. Pour autant, les principaux espaces marchands des îles ne désemplissent pas. Ils restent la porte d’entrée dans les îles et attirent la majorité des habitants. C’est dans ces espaces que se développe une société de marchands et de petits artisans. Les agents de la compagnie veillent donc en priorité au développement de ces espaces portuaires.
 
Le développement des principaux bourgs est lié à la fois à la présence d’une communauté marchande sur place et au fait que les navires puissent facilement accoster à proximité.
Peu à peu, des bourgs se forment proche de rades où s’implantent autant de zones d’échanges commerciaux.
« Case Pilote est un bourg qui s'établit … dans le milieu d'une anse de sable dont le fond est très beau pour mouiller et où il y a trois pièces de canons qui les défendent […] ; le quartier de Sainte-Marie se fortifie tous les jours en maisons. Il est formé par deux anses de sable où se trouve l'ilet de Sainte Marie où les barques mouillent ordinairement pour y prendre et charger les sucres et cacaos ; Monsieur Dubuc commis général de la Martinique va au quartier du Prêcheur pour y établir un magasin ; le bourg de la Trinité suit le golfe ou le port. La quantité considérable de cacao, de sucre, de coton et que l’on y fabrique y a attiré bon nombre de marchands et quantité de vaisseaux particulièrement ceux de Nantes ».
 
Une activité marchande prioritaire
Certaines de ces rades sont plus développées que d’autres comme le rapporte Caylus en 1694 : « A la Martinique la partie qui est au vent a trois ports où les vaisseaux peuvent entrer : le cul de sac de la Trinité, le cul de sac du Galion et le cul de sac Robert » même si l’attribution du mot port donnés à certains de ces quartiers peut paraître abusive.
 
Il faut donc imaginer des va-et-vient réguliers entre les ports et les autres rades de l’île. Les marchands élisent domicile à la Basse Pointe, au Marigot, à Fort Royal, au Prêcheur, au Carbet, à Macouba, au François… soit quasiment tous dans la partie nord-ouest de l’île, proches des ports de Saint-Pierre et Fort Royal. L’attractivité et le dynamisme des ports incite donc les équipages à s’y arrêter en priorité.
 
Un voyageur se rendant dans les îles au XVII° siècle, peut alors observer le mouvement de navires à fort tonnage, à côté des nombreuses barques qui sillonnent la mer des Caraïbes. Mais l’abord des îles étant très délicat pour les plus grandes embarcations, les habitants ont aussi très vite cherché à se doter de bâtiments plus petits pour pouvoir circuler entre les différentes anses des îles. Quatre types d’embarcations peuvent être facilement repérés : les barques longues, les chaloupes, les canots et les pirogues.
 
Des échanges par voie maritime organisés
Pour les échanges entre les différentes anses des îles, les habitants privilégient surtout l’usage des chaloupes qui sont avant tout de petites embarcations que l’on transporte au sein des navires et qui permettent de décharger équipage et marchandises à terre. Mais, aux Antilles, les chaloupes vont très vite être utilisées indépendamment des navires à plus fort tonnage qui se rendent dans les lieux. Les habitants s’en servent principalement pour se rendre des quartiers les plus éloignés des îles, vers les centres de commerce afin d’assurer le transport des marchandises et des personnes entre, ou à l’intérieur des îles.
 
Nécessitant peu de membres d’équipage et moins d’entretien, il est alors logique que ce soit le mode de circulation le plus adopté par la majorité des habitants des Petites Antilles. Ils adoptent aussi les canots, d’origine amérindienne, alors que les chaloupes sont des bâtiments européens. Leur usage va être largement plébiscité, puisqu’ils permettent facilement de circuler entre les différentes anses. Ils sont alors utilisés pour la circulation des marchandises.
 
Bateaux et cabotage
Avec l’augmentation du nombre d’habitants, leur dispersion et la mise en place de systèmes administratifs dans l’ensemble des îles, une demande de mobilité émerge. Des hommes saisissent l’occasion pour développer des transports maritimes dans les îles et entre les îles. Aux côtés des petites embarcations des propriétaires terriens qui circulent entre les anses, il y a aussi des canots passagers, comme entre Saint-Pierre et Fort Royal. Dans ces rades, ils côtoient les navires de commerce, principalement les barques, les navires des flibustiers, des flibots, des sloops et toutes sortes d’embarcations capables d’être armées en course, ainsi que les pirogues des habitants. Tous les jours, des embarcations partent des quartiers les plus éloignés pour rejoindre les principales rades et les ports des îles, là où se fait le commerce.
 
L’installation de nouvelles habitations sucreries sur le pourtour de l’île nécessite de nouveaux aménagements d’accès à la mer : embarcadères, débarcadères, canaux, quais…fleurissent dans la plupart des anses accessibles par cabotage pour de petits bâtiments.
 
Pour aller de Fort Royal à Saint Pierre et malgré l’existence de chemins de communications, les habitants utilisent la voie de mer. « Il n’y a guère que huit lieues de chemin le long de la côte, on se sert de pirogues avec des pagaies pour ces voyages par mer, ce sont les canots du pays. Plusieurs particuliers en ont, il y en a deux ou trois pour le service du public tenus par de petits habitants qui font le commerce de passer le monde ». Saint-Pierre est aussi le lieu de stockage des marchandises issues des îles de la Grenade, de Marie-Galante et de la Guadeloupe et la principale plaque tournante des îles.
 
Le développement des voies maritimes et du cabotage entre les différents quartiers de l’île permet donc à Fort Royal d’être un lieu de passage pour les hommes et les produits issus de l’arrière-pays martiniquais. Pourtant Fort Royal, à l’image de Saint-Pierre, bénéficie de voies terrestres encore difficiles et peu fréquentées.  « Tous les habitants qui sont au-delà de l'île du diamant vont soit par mer au fort royal, soit ils envoient leur pirogue faire le tour de la pointe d’Arlet et traversent par terre jusqu’à la côte de la baie de fort Royal, cette traversée n’étant que de deux lieues ».
 
Au XIXème siècle, pour faciliter le transport des cannes à sucre depuis les nombreuses habitations, les usines centrales qui viennent de voir le jour, développent des réseaux de voies de chemin de fer, installent des rails aux espacements différents, et ce, pour garantir l’exclusivité des apports des producteurs partenaires. Ces chemins de fer sont reliés à de nombreux embarcadères qui s’implantent au débouché des voies d’eau, sur le littoral et sur les rivières. Points de rupture de charge, ils permettent d’amener les canes vers les distilleries puis les usines centrales.
 
Sources :
Des mouillages, des rades et des ports. Les mots et la chose portuaire : contribution à l’histoire maritime des Petites Antilles
La place de la mer au sein de la société coloniale des Petites Antilles françaises entre 1650 et 1713 » - Nicolas Ribeiro - Thèse présentée et soutenue à Nantes, le 14 Novembre 2019 - Unité de recherche : CRHIA

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