Présentation
Voyage insolite dans le passé
Détour obligatoire pour les touristes et passage incontournable des élèves de Guyane, le Musée Local de Cayenne est tout à la fois un livre d’histoire et de sciences que l’on peut feuilleter sans modération. Désuet et charmant, il offre aux visiteurs un voyage dans le temps, à travers la Guyane, son histoire, sa faune, sa flore. Petite visite guidée…
C’est le succès remporté par le pavillon de la Guyane lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900, qui incite le gouverneur par intérim de la colonie, Emile Merwart, à créer un musée local. Son but : montrer les richesses patrimoniales, culturelles et environnementales de la Guyane. Un premier musée, installé sur la colline de Cépérou, avait été détruit lors que grand incendie de 1888 qui ravagea une partie de Cayenne. L’arrêté du 18 septembre 1901 institue donc le musée local dans l’immeuble Franconie, une magnifique maison rachetée en 1885 par l’administration locale à une famille de négociants et aujourd’hui inscrite à l’inventaire des monuments historiques
Il ouvre ses portes officiellement le 15 octobre de cette même année, lors de la fête communale de Cayenne. Les visiteurs découvrent les premières collections, constituées en partie de tableaux réalisés par le frère du gouverneur, Paul Merwart. Au fil des ans, le musée s’enrichit de nouveautés, notamment grâce à des dons de la population. Petit à petit il prend son aspect actuel : tout l’espace est utilisé et l’on circule allègrement entre une collection de timbres ou de monnaies, des squelettes d’animaux, en passant par des gravures du bagne, une collection de poupées créoles ou l’atelier du parfait taxidermiste. Hétéroclite est sans doute l’adjectif qui lui colle le mieux.
Deux étages à découvrir
Le rez-de-chaussée est en grande partie consacré à la faune et à la flore de Guyane : mammifères et oiseaux empaillés, reptiles et insectes, trouvent leur place dans des vitrines de l’époque et le visiteur, accueilli par un magnifique spécimen de caïman noir, découvre en quelques minutes les richesses faunistiques et floristique de la Guyane. En attente de restauration, une très belle collection d’insectes viendra compléter le tableau. Archéologie et ethnologie se partagent l’étage. Le passé colonial de la Guyane s’y expose en quelques pièces : maquettes, gravures, costumes et objets divers…
Les têtes décapitées de «bandits» tel D’Chimbo et autres bagnards, qui ont très largement contribué à attirer un public curieux de sensations morbides, ont été retirées de l’exposition depuis longtemps déjà. Le musée a malgré tout conservé quelques curiosités : porcelet à tête d’éléphant, chien à deux têtes, crapauds et batraciens divers, poissons, crustacés ou serpents nagent ainsi toujours dans des bocaux remplis, non pas de formol, mais de rhum. A découvrir également, le fameux palmier bifide qui, après avoir fait la une de journaux du début du siècle dernier et une fois sa vie achevée, a quitté la place des Palmistes pour s’installer définitivement dans une des salles du musée. Dans la pièce consacrée au bagne, à l’étage, aux côtés de gravures et de caricatures originales, quelques objets insolites attirent le regard : une barque, construite en toile par un bagnard pour se faire la belle et un crucifix sculpté dans un os de machoiran et que l’on attribue à Francis Lagrange.