Chaussée de Mandirac, 11100 Narbonne, France

Description

La difficulté de cerner les structures portuaires de Narbonne tient à l’image que nous nous faisons du port. Plusieurs auteurs se sont penchés sur la question des avant-ports, qui selon eux, devaient permettre le transvasement des marchandises provenant de grands navires de commerce sur des barques à fond plat. Après plusieurs années de recherches, on peut maintenant évoquer le grand port de Narbonne comme une zone portuaire à l’échelle des étangs de Narbonne (soit plus de 60 km2) avec des lieux de déchargements spécialisés et fluctuants.
L’image des ports de Claude et de Trajan à Ostie reste une exception dans l’Antiquité et il n’existe pas de modèle standard. Il a donc fallu s’affranchir des présupposés pour avoir une vision objective des découvertes de la lagune narbonnaise.
Il a donc fallu prendre en compte les changements de lieux pour des motifs environnementaux et la spécialisation de certaines zones portuaires, et ce sur plusieurs siècles. Cette spécialisation a provoqué des modifications liées à l’évolution du commerce : l’exemple de l’abandon du commerce du vin en vrac laisse supposer une restructuration de la zone de déchargement.
 
Le site du Castélou / Mandirac, est considéré depuis longtemps comme une probable zone portuaire, sans que son rôle soit clairement défini. Des prospections sur ce secteur ont permis de mettre en évidence l’existence d’une chaussée se poursuivant dans les marécages. En 2010, les fouilles ont mis au jour une seconde chaussée parallèle à une cinquantaine de mètres vers l’est. Les recherches réalisées depuis 2007 ont mis en évidence l’aménagement de l’embouchure du fleuve Aude dans la lagune durant l’Antiquité.
Les constructions sont exceptionnelles par leur mise en œuvre (construction en zone humide) et par leur ampleur : le cours d’eau, large de 50 m, est encadré par deux jetées d’une emprise de 17 m de large et suivis sur 1, 9 km qui servent également de quais pour le transfert des marchandises. Il s’agit d’un véritable endiguement, qui devait limiter les divagations du fleuve lors des grandes crues
Pour entretenir ces chaussées, des remblais de destruction de la ville sont apportés et des blocs de monuments démantelés sont réutilisés. Il est certain que la construction et l’entretien de tels ouvrages en milieu marécageux sur plusieurs siècles témoignent de l’importance de cette zone dans l’Antiquité et d’une volonté publique de les maintenir.

Lors d’un sondage pour observer la construction de la digue à Mandirac, une épave de l’antiquité tardive a été découverte. De nombreuses amphores sont restées présentesà bord et devaient constituer une partie du chargement initial du navire. On pense que ce navire a été réutilisé pour la réparation de la digue, sans doute après un naufrage, sans que la cargaison ne soit récupérée. La position et le calage du bateau indiquent qu’il a été placé volontairement à cet endroit. L’utilisation d’épave pour conforter les travaux de maçonnerie qui forment la base d'une construction en milieu humide est en effet un phénomène bien connu pour l’époque antique : on citera comme exemple l’utilisation de navires échoués pour le môle et le phare du port d’Ostie à Rome.

Le chantier de fouilles n'est pas ouvert au public. Les avancées des recherches seront visibles au Musée de la romanité Narbo Via.

Galerie

Carte

Latitude:
43.130726
- Longitude:
3.016729

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