L'Odyssée - Cayenne
Étape 4
La mangrove du littoral à l'embouchure du Mahury
Formations végétales qui se développent sur les littoraux tropicaux, les forêts de mangroves en Guyane sont présentes sur plus de 92% du littoral guyanais, pour une surface estimée à 50.000 hectares. Véritable rideau végétal mouvant, la mangrove côtière est soumise au flux incessant des marées et leur existence est fortement liée aux bancs de vase qui se déplacent d’est en ouest le long du rivage, poussés par le courant équatorial, lui-même engendré par les vents alizés. La mangrove d’estuaire est quant à elle plus stable et plus riche en espèces végétales.
Le long des berges du fleuve, on peut donc apercevoir outre les trois espèces de palétuviers (rouge, gris et blanc), d’autres arbres, comme le moutouchi-rivière caractéristique grâce à ces grands contreforts et quelques palmier comme le palmier-bâche ou le palmier-pinot, qui porte également le nom de wassaï ou açaï et donne un fruit très prisé que l’on transforme en jus.
La végétation de la mangrove littoral est uniquement composée de palétuviers, seules espèces végétales pouvant survivre à l’immersion complète, donc asphyxiante, causée par les marées. En effet, ces arbres développent des petites racines respiratoires, les pneumatophores, qui se développent à la surface de l’eau. Le terrain très instable sur lequel ces arbres poussent expliquent également le développement, notamment pour le palétuvier rouge, de grandes racines, véritables étais qui leur confèrent leur stabilité.
Complètement adaptés à ce milieu aquatique, les palétuviers rouge, contrairement à la majorité des arbres qui perdent leurs graines permettant la germination au sol, ont leurs graines qui germent sur l’arbre, des graines qui une fois relâchées sont transportées par les courants jusqu’à ce qu’elles atteignent un banc de vase où elles pourront s’implanter.
La mangrove côtière forme un écosystème fort intéressant et constitue un véritable trait d’union entre le milieu marin et le milieu terrestre. Pauvre en espèces végétales, c’est par contre une nurserie pour la faune sous-marine qui y trouve une grande quantité de nutriments rejetés par les palétuviers : les crevettes et autres crustacés, les mollusques, les crabes, les poissons, le plancton… et cette profusion explique aisément la présence d’une avifaune importante, comme des aigrettes, des limicoles, des hérons, des sternes et autres mouettes. Et bien sûr, le plus emblématique de tous : l’ibis rouge.
Cette forêt qui bouge modifie considérablement les paysages côtiers. Il y a quelques décennies par exemple, Cayenne était envahie de mangrove. La mer n’était plus visible jusqu’à ce que les palétuviers finissent par disparaître. La nature sera toujours la plus forte et le phénomène d’envasement qui est observé actuellement sur les rivages de l’île de Cayenne laisse-t-il entrevoir la réapparition de la mangrove ?
