Présentation
LES ELEMENTS DU RECIT
La biodiversité est un paramètre qui varie au cours des temps géologiques, même si elle semble stable à l’échelle humaine (temps géologique extrêmement court).
Cette variation est due à des modifications brutales des conditions climatiques et physiques qui vont conduire à un profond déséquilibre.
L’inventaire des différentes formes de vie qui peuplent la biosphère est une activité particulièrement ancienne. Parmi les oeuvres majeures citées par le Professeur Paul Arnould en 2005, il est fait référence aux écrits de Théophraste sur les plantes entre 314 et 313 avant Jésus-Christ ; aux 37 volumes
de Pline l’Ancien rédigés entre 79 et 23 avant Jésus-Christ sur l’histoire naturelle du monde méditerranéen et de ses annexes septentrionales ; aux travaux de savants d’origine arabe tels l’Anvicenne et El Biruni ; aux inventaires de David Douglas dans les forêts de l’Ouest américain ; ainsi qu’aux collections de
Linné et de Jussieu. Bien que ces travaux relevassent de la connaissance du vivant, il n’était nullement fait mention du concept de diversité biologique et encore moins du néologisme biodiversité. Ce n'est qu’à partir de la fin du XXe siècle que des discours alarmistes sur l’érosion de la diversité biologique mondiale (Leakey et al., 1998 ; Teyssèdre, 2005), tenus aussi bien par des écologistes que par des écologues, favorisent
l’émergence et la popularisation de ces notions.
La Martinique est la plus grande île des Petites Antilles (1080 km2). Elle s’est formée à la suite de l’agglomération d’îles qui sont des plus anciennes aux plus récentes : 22 Ma (péninsule de Sainte-Anne et péninsule de la Caravelle reliées entre elles par la chaîne sous-marine de Vauclin-Pitault il y a 7 Ma), îles issues de la remontée progressive de la chaine (Rivière Pilote, montagne du Vauclin, 15-10 Ma), île du morne Pavillon (péninsule du Sud-Ouest), 8,5-7 Ma et nord de la Baie Fort-de-
France, massif du morne Jacob (4 Ma), ces différentes îles formant il y a quelque 2 Ma une île unique.
Les îles des Petites Antilles constituent, en raison de leur nombre, de leurs diversités écologiques liées à leurs natures géologiques, de leurs éloignements des continents, de leurs altitudes, de leurs âges et de leurs histoires géologiques un laboratoire unique pour étudier l’évolution des espèces. Les grandes îles centrales, de Sainte-Lucie à la Guadeloupe, possèdent la plus grande diversité et un plus fort taux d’endémisme que les îles proches des continents. La biodiversité insulaire résulte des colonisations à partir de propagules d’Amérique du Sud et des Grandes Antilles, de la colonisation d’île en île après des phénomènes de spéciations insulaires et intrainsulaires, du déplacement volontaire ou involontaire d’espèces par les premiers habitants, des arrivées
récentes d’espèces dont certaines à fort pouvoir invasif et des disparitions d’origines anthropiques ou non anthropiques.
Au sein du hot spot de biodiversité des Petites Antilles, la Martinique apparait comme étant l’île présentant la plus grande biodiversité en espèces arborées autochtones. Elle est la plus riche en espèces arborées endémiques d’une île, la plus riche en espèces arborées endémiques partagées avec les autres îles des Petites Antilles, la plus riche en espèces arborées endémiques partagées avec les Grandes Antilles. Elle est donc au cœur de la biodiversité des Petites Antilles.
Formé il y a une vingtaine d’années, le mot biodiversité, né du néologisme de l’expression diversité biologique, s’est rapidement vulgarisé. Il est désormais utilisé dans de nombreux débats concernant la qualité de la vie, l’urbanisme,l’aménagement rural, le développement durable et dépasse largement le champ de l’écologie auquel il fait référence. Cela s’explique par l’ambiguïté qui règne autour de ces termes : ils s’utilisent à la fois pour inventorier des objets et pour parler des interactions complexes qu’ils entretiennent entre eux et avec leur environnement.
Le terme biodiversité s’utilise actuellement pour parler des problématiques relatives aux interactions entre les hommes et les êtres vivants qui constituent l’actuelle biosphère.
L’inventaire de la diversité biologique terrestre des petites Antilles est présente dans les écrits des premiers chroniqueurs et naturalistes, mais plus anciennement dans les connaissances laissées par les amérindiens. Le manuscrit laissé par l’Anonyme de Carpentras (Moreau, 1987) contient de précieuses descriptions de taxa, apprises des Caraïbes. Elles concernent la faune et la flore de cinq îles dont la Dominique, la Martinique,
Sainte-Lucie et Marie-Galante.
L’essentiel de cet inventaire amérindien de la diversité biologique des Antilles françaises a été principalement consigné dans les écrits laissés par le Révérend Père Raymond Breton dans son Dictionnaire caraïbe-françois, mélé de quantité de remarques historiques pour l’éclairement de la langue (Breton, 1665). Il y a consigné des informations inédites, tirées du savoir caraïbe, pour l’ethnologie, la linguistique et le naturalisme. Ces travaux contiennent des désignations et des descriptions des animaux et
des plantes des Petites Antilles, plus structurées, plus importantes et de manière beaucoup plus systématique.
Les travaux d’inventaire de la diversité biologique taxinomique des Petites-Antilles seront peu à peu affinés entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle par les approches de plus en plus spécialisées des missionnaires naturalistes, des botanistes et des médecins du roi, correspondants ou membres de la prestigieuse Académie
des sciences.
Les travaux du Père Robert Pinchon (1913-1980) au début du XXe siècle, sont les prémices d’une volonté locale d’appropriation de l’inventaire du vivant à la Martinique, et par
la même de la diversité biologique locale dans sa dimension taxinomique. En effet, durant les 33 années d’enseignement qu’il dispensa au Séminaire collège, il initia de jeunes martiniquais à la connaissance de la nature, du vivant et de sa diversité.
Il marquera toute une génération de naturalistes, qui à leur tour transmettront leur passion à d’autres générations.
Des « îles à manioc » aux « îles à sucre » dans la Caraïbe
On n’a pas fini d’approfondir les impacts du basculement des Caraïbes « d’îles à manioc » à « iles à sucre » (A. Bravo 2002). Autant la première structuration caractérisait une organisation
précapitaliste préservant la biocénose, autant la seconde signifie le capitalisme préindustriel triomphant dilapidant les milieux. Autant le système autour du « manioc » relevait d’une harmonie ethno-biologique, autant le « sucre » exprime une rupture écologique. On sait que tout rapport de force entre organisations précapitalistes et capitalistes vire rapidement en faveur de ces dernières. C’est donc cette logique qui va s’imposer avec des conséquences écologiques incalculables au niveau environnemental et bioculturel.
La biodiversité remarquable
Cela ne signifie nullement qu’elle est de meilleure qualité ou
de grande notoriété (maints arbres remarquables sont très peu connus). Elle concerne des espèces animales et végétales, des habitats naturels qui représentent un intérêt particulier parce qu’ils sont rares, qu’ils jouent un rôle déterminant dans notre écosystème, ou parce qu’ils ont une valeur socioculturelle et historique faisant d’eux de véritables patrimoines. Ainsi, parmi les arbres remarquables de la Martinique, on peut observer des espèces rares comme le Kigelia africana de la famille des bignoniacées, originaire du Sénégal, plus connu sous le nom de
l’arbre à saucisses. Remarquons que le caractère endémique n’est pas un critère de remarquabilité obligatoire. On note aussi des spécimens à forte valeur socioculturelle et historique comme le fromager dont le tronc servait autrefois de support pour attacher les esclaves punis, et qui fait encore aujourd’hui l’objet de croyances populaires (il serait habité par des esprits).
Maints arbres notables répertoriés servent d’habitats naturels pour de nombreuses espèces animales (oiseaux, insectes, araignées, lézards, serpents, petits mammifères…) et végétales (mousses, lianes, épiphytes, plantes parasites…). Le figuier maudit aux racines conquérantes se développant sur d’autres
espèces arborées, réputé pour être un excellent « repère à
esprits », demeure un très bel exemple. Parmi ceux jouant un rôle important dans l’écosystème martiniquais, on pourrait citer le poirier dont les graines sont appréciées par les tourterelles.
Une classification simple a été établie. Cinq catégories ont été retenues : les Géants, les Originaux, les Urbains, les Historiques et légendaires, puis les Survivants.
Quelques repères de l’art dans sa relation avec la nature
Dès la seconde moitié du XXème siècle, certaines pratiques artistiques se sont orientées vers la préoccupation de notre relation à la terre et à la biodiversité. Un retour à l’origine élémentaire se concrétise par une préférence pour la matière (minérale, végétale, etc.) et une orientation pour tout ce qui est en relation avec la terre et avec la nature. L’imaginaire lié à la terre devient une préoccupation importante, un objet d’étude, une problématique plastique, auprès de beaucoup d’artistes contemporains (Robert Smithson, Richard Long, Andy Goldsworthy, Nils Udo, etc.).
La biodiversité martiniquaise et l’artiste Serge Goudin-Thébia
Serge Goudin Thébia (né en 1945) est un artiste et un poète, ami et confident d’Aimé Césaire, de René Ménil ou d’Edouard Glissant. Il a beaucoup oeuvré dans le sens d’une pratique artistique en liaison directe avec les choses de la nature. Il est l’héritier direct de toutes ces idées et de toutes ces tendances des années 60-70 (Land Art, art conceptuel, résonnances
écologiques, Beuys, Fluxus, Situationnisme, etc.).
LIEUX DE RECIT
POINT DE RECIT PLAGE – BORD DE MER
La faune et la flore du bord de mer, la forêt primaire, l'évolution du trait de côte et des paysages. Les cocotiers, espèces endémiques ou rapportées? par qui et quand, pourquoi? Les lieux d eponte des tortues marines: quand,où, comment...?
POINT DE RECIT ÎLETS
La formation géologique des îlets et la géodiversité de la Martinique. C'est quoi un arrêté de protection du Biotope? une réserve naturelle? Ca sert à quoi? La protection des îlets par les pêcheurs. Les essences rares et les espèces faunistiques marines.
POINT DU RECIT – SUR LE LITTORAL
L'évolution de la Biodiversité dans le temps. La mangrove et son rôle dans la protection du littoral, les forêts marécageuses, les lagunes, les mares et les étangs, les rivières, la faune et la flore de ces milieux, lieux d'échanges. Vous avez dit végétation Hygrophile? Quels arbres en bord de mer? Quels oiseaux migrateurs?
POINT DU RECIT – SUR LES BATEAUX DE PROMENADE
Les fonds marins, la faune sous marine, la connaissance des milieux, les côtes et leurs spécificités, leurs habitats, les paysages depuis la mer racontés...
POINT DE RECIT MAISON DE LA MER – OFFICE DE TOURISME
La biodiversité expliquée aux enfants, les poissons de nos côtes, la faune et les fleurs Peyi. Espaces et espèces protégés.
POINT DU RECIT - DANS LES COMMUNES
L'évolution des espaces au fil du temps. Quelle faune, flore remarquables? Les rivières et leur rôle.
POINT DU RECIT – PRESTATAIRES NAUTIQUES
Découverte des fonds marins, observation de la faune, connaissance des milieux et des habitats marins, les volcans et la géodiiversité des fonds marins
POINT DU RECIT – PRESTATAIRES NATURE (balades accompagnées)
Balade sur les traces des plantes et des arbres remarquables, les noms et origines, observation de la faune et la flore endémiques, les vertus médicinales des plantes
POINT DE RECIT EN MER
Les fonds marins et les habitats naturels, les récifs coraliens, les herbiers,...les paysages vus de la mer racontés. La pollution des mers et des océans et les solutions pour les protéger.
POINT DU RECIT – MUSEES / MAISONS DE LA NATURE
Maquettes fonds marins et littoral
Evolution du littoral, de la forêt, des paysages
Naissance des îles des Antilles et géodiversité insulaire
Clmat et biodiversité
L'eau dans tous ses états.
POINT DU RECIT – RESTAURANTS
Les plantes et les fleurs Peyi comestibles
Les poissons et la pêche respectueuse de l'environnement
POINT DU RECIT – HEBERGEURS
Les fleurs et les arbres, leur histoire
Les matériaux de construction locaux, les essences locales
POINT DU RECIT – ARTISANS / ARTISANS D’ART
L'utilisation des matériaux naturels dans la création: plantes, écorces, animaux, coquillages…(d'où viennent-ils, comment sont-ils prélevés...?)
POINT DU RECIT - ESPACES DE PRODUCTION ET JARDINS
Les productions illustrées (planches), les origines des espéces et des variétés, le nom d'origine, les évolutions. Les écosystèms de production, les modes de culture et les nouveaux usages.
POINT DU RECIT – BOUTIQUES DE DESTINATION
Tee-shirts effigie tortues marines, cétacés, fleurs, oiseaux...
Livres
Jeux
Objets issus du recyclage.
POINT DU RECIT – EVENEMENTIELS
La protection de la Biodiversité, pourquoi, pour qui, comment?, ...
TEXTE ET REFERENCES COMITE SCIENTIFIQUE
Hot spots de la biodiversité (en mer et à terre)
Les Routes Bleues Odyssea visent à sensibiliser et à éduquer les décideurs et les collectivités locales au respect de la biodiversité, afin de préserver la richesse des mers et des océanes et de la terre, en prenant en compte que la sauvegarde est l’action la plus importante à mettre en œuvre.
Cette conscience doit faciliter des actions visant à réorienter les priorités de protection des espèces vulnérables vers celle des écosystèmes vulnérables complets.
Afin de contribuer à cette réflexion globale, en ligne avec les principes et les objectifs de durabilité établis par les Nations Unies et en cohérence avec les principes du Pacte Vert Européen, les Routes Bleues Odyssea visent à prendre en compte la biodiversité des espaces naturels marins et terrestres, tant végétale que animale, qui a un rôle essentiel dans la médiation de cette thématique complexe vers les collectivités locales et les touristes.
La Martinique possède une grande variété d’espaces naturels uniques dans la Caraïbe qui sont encore préservés. Pour cette raison, un dossier de candidature de trois massifs de l’île a été proposé pour l’inscription à la Liste du Patrimoine Mondial.
L’ensemble du Mont Conil, de la Montagne Pelée, et les Pitons du Carbet et le morne Jacob, caractérisé par le continuum forestier allant de 0 à 1400 mt d’altitude, a fait l’objet de la candidature martiniquaise, basée sur le critère géologique (viii) et de la biodiversité (x).
Cet ensemble est aussi fait partie de l’hotspot « Îles des Caraïbes « , l’un des 36 hotspots mondiaux de la biodiversité, car il héberge plusieurs espèces de la faune et de la flore irremplaçables. Au sein du hotspot «Iles des Caraïbes», 700 espèces sont menacées d’extinction[1].
La biodiversité marine revêt aussi d’une grande importance. L’arc antillais occupe une place de choix dans la région tropicale ouest-atlantique qui représente la seconde région marine la plus riche du monde. Hormis les espèces emblématiques, la biodiversité marine de la Martinique demande à être connue[2].
Une expédition sous-marine appelée MADIBENTHOS a été conduite en septembre 2016 dans les eaux martiniquaises par le Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN).
L’un des résultats de cette expédition scientifique a été la documentation de la présence en Martinique de centaines d’espèces pas encore connues, ainsi que l’échantillonnage dans des habitats qui sont accessibles et visités. L’un de constats des scientifiques a été la confirmation que les écosystèmes marins, extrêmement fragiles de l’île, sont souvent en très mauvais état écologique.
Cette richesse permet de mettre en œuvre les principes de la Convention de Berne du Conseil de l’Europe, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, ouverte à signature en 1979 et ratifiée par la France en 1990.
Acteurs à impliquer
Collectivités locales
Commission régionale de la forêt et du bois
Parc Naturel Régional
Universités et centres de recherche
Offices de tourisme
Ecoles
Office régional UNESCO, pour les sites qui ont présenté leur candidature.
Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)
Sources
Allix A. (1949), Une monographie de la Martinique, in Revue de géographie jointe au Bulletin de la Société de géographie de Lyon et de la région lyonnaise, vol. 24, n°3, 1949. pp. 267-274.
(URL: www.persee.fr/doc/geoca_1164-6284_1949_num_24_3_5334)
Desse M. , Legé R. (2019), L’Association des États de la Caraïbe et la planification spatiale marine, in Études caribéennes [En ligne], 43-44 | Août-Décembre 2019, mis en ligne le 10 octobre 2019
(URL : http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/16514)
Doumenge F. (1987), Quelques contraintes du milieu insulaire , in J.P. Doumenge et al. (eds.), Iles tropicales : insularité, insularisme, Bordeaux, CRET éditions, p. 9-16.
Gros-Désormeaux J.-R. (2012), La biodiversité dans des territoires insulaires, approche théorique et perspectives de développement, in Développement durable et territoires [En ligne], Vol. 3, n° 1, mis en ligne le 24 mai 2012
Joseph P. (2009), Écosystèmes forestiers des Caraïbes, Hommes et sociétés, Karthala Editions
Landel P.A., Senil N. (2009), Patrimoine et territoire, les nouvelles ressources du développement , in Développement durable & territoires (en ligne), Dossier 12 : Identités, patrimoines collectifs et développement soutenable, mis en ligne le 20 janvier 2009 (URL : http://developpementdurable.revues.org/7563)
Le Danff J.P. (2002), La convention sur la diversité biologique : tentative de bilan depuis Rio, VertigO (en ligne), vol. 3, n° 3, 13 novembre 2011 (URL : http://vertigo.revues.org/4168).
Conseil de l’Europe (1979), Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe
(URL : https://www.coe.int/fr/web/conventions/full-list/-/conventions/treaty/104 )
http://www.martinique.developpement-durable.gouv.fr
http://unescomartinique.com/
[1] Conservation International et Conservation Nature France.
[2] http://www.martinique.developpement-durable.gouv.fr