11480 La Palme, France

Description

Voir les capitelles des anciens carriers
Parc Naturel Régional de la Narbonnaise

"Les capitelles de La Palme servaient d’abris aux ouvriers de la carrière. Trois capitelles en très bon état subsistent encore sur le terrain au dessus de « La Valentine », après le deuxième lavoir, près de l'actuelle carrière "Lavoye" en activité."
Les capitelles sont accessibles par le chemin du lavoir et visibles de la D709, route qui longe notre étang menant à Port la Nouvelle.
Elles sont quasi intactes et auraient été bâties entre 1846 et 1886.

A l'Epoque Moderne, des carriers installent leurs ateliers sur les garrigues qui dominent les salins et la mer, entre La Palme et Port-La-Nouvelle. Leur présence marque le paysage par des excavations, des buttes de terrassements mais aussi par des constructions et des aménagements : enclos, faïsses, maisons, capitelles, puits...
Produire des moellons pour la construction, des bordures de trottoir, des mausolées ou, plus exaltant, participer à la construction du port de La Nouvelle, la pierre n'était pas, pour eux, un simple gagne-pain, c'était aussi une vocation et une fascination car par delà la trivialité du matériau, elle véhiculait leur part de rêve.

Au XVIIIe siècle, à La Palme comme partout en Corbières les troupeaux sont encore la principale richesse des villages. 4000 bêtes à laine et un millier de chèvres déambulent alors sur la Garrigue Haute et dans le quartier de Saint-Pancrace. Vers la fin de l'Ancien Régime, les fondements de l'économie agro-pastorale commencent à chanceler, une série de lois favorables aux défricheurs entraîne de graves conflits entre éleveurs et agriculteurs. La Révolution ouvre la porte des landes aux manœuvriers. Les notables, principaux propriétaires des troupeaux, légifèrent à tour de bras pour réfréner l'ardeur de tous ces pauvres hères qui se jettent sur les vacants communaux. Ces cultivateurs de misère dépierrent, avec l'aissada et le bigòs (houes) toutes ces petites parcelles, amoncelant dans les garrigues : terrasses, murs, clapas et cabanes. Pour nourrir toutes ces bouches - la population de La Palme passe de 750 habitants en 1846 à 1718 en 1886 - les villageois défrichent pour semer le grain, planter l'olivier puis la vigne qui telle une transgression marine finit par envahir la plaine et submerger les coteaux, repoussant les derniers troupeaux sur les sols sans espoir.
 
L'architecture en pierre sèche, dont la capitelle est un des plus remarquables fleurons, s'est transmise et développée dans ce contexte de colonisation des terres extrêmes. C'est une architecture d'autosuffisance, un art de la nécessité, qui a puisé sur place dans un matériau abondant et gratuit, mis en forme par une main d'oeuvre familiale pas encore obsédée par le temps ni le rendement mais ne ménageant ni sa sueur, ni sa patience.
 
A La Palme beaucoup de défricheurs sont aussi des carriers, des hommes de métier qui savent mettre en oeuvre avec des trésors d'ingéniosité et un grand art de la variante ce matériau de pauvres. Ils construisent selon la technique dite de peyres essuytes, aujourd'hui dite pierre sèche ou écrue. La majorité de ces cabanes affecte une forme quadrangulaire, leurs couvertures reposent sur des voûtes en tas de charge ou des arcs à claveaux; la porte d'entrée est surmontée d'un linteau monolithe et l'intérieur s'agrémente de placards muraux, parfois d'une cheminée ou d'un trastet (mezzanine). La quinzaine de capitelles, voire plus, répertoriées sur La Palme, révèle par la qualité de l'ouvrage l'intervention de maçons spécialisés, en l'occurrence ici des carriers, qui maîtrisaient avec bonheur l'ensemble des techniques destinées à ce type de construction. La voûte en encorbellement qui surmonte les cabanes d'une ancienne carrière, située au-dessus des salins, confine à la perfection.

Carte

Latitude:
42.981632
- Longitude:
3.014392

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