Description
Depuis plusieurs siècles, le
Mulet jaune (Mugil cephalus Linné, 1758) est pêché sur le littoral atlantique mauritanien, dans la région du Banc d’Arguin, par une poignée de familles imrâgen
Ces familles sont issues des couches dominées de la société maure, société de pasteurs nomades, musulmans et arabophones, au sein de laquelle ils se distinguent par la pratique saisonnière de la pêche.
Il est a noter l’aspect sommaire de leurs techniques : les Imrâgen pêchent à pied depuis le rivage, à l’aide de filets d’épaule individuels, et encerclent collectivement les bancs de mulets en migration vers le Sud, lors du début de la saison froide (novembre-décembre)
Mais surtout, les descriptions que font les Imrâgen des comportements de cette espèce dans le milieumarin, les techniques de pêche et de traitement des captures qu’ils mettent en oeuvre, reflètent la prégnance de la culture bédouine dans leur univers symbolique et matériel, et confèrent à cette denrée carnée un statut « hors normes »
Le mulet fait en outre l’objet de pratiques de consommation singulières : chaque année, les familles d’éleveurs de la frange atlantique du Sahara s’invitent chez les Imrâgen pour « se soigner » en consommant du poisson bouilli ou séché et de l’huile (réalisée à partir des têtes des poissons)
Cette période de diète collective fait figure d’événement régional
annuel et constitue un moment privilégié de réactivation
des relations sociales entre Imrâgen et pasteurs.